Choix du statut juridique et fiscal pour les professions libérales : comment trouver la structure adaptée à votre projet ?

Vous avez choisi de vous lancer en tant que professionnel libéral et vous faites face à une décision cruciale : quel statut choisir pour votre activité ?

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Les statuts juridiques pour les professions libérales : de nombreuses opportunités

Cette décision peut sembler complexe. Plusieurs statuts s’offrent à vous et nous allons vous les détailler afin que vous puissiez prendre une décision éclairée. 

L’entreprise individuelle (EI) : pour débuter en toute simplicité

L’Entreprise individuelle (EI) est une forme simplifiée d’entreprise. Elle se distingue des autres formes juridiques par le fait qu’elle ne possède pas de personnalité juridique.

Les avantages de l’EI : 

  1. La simplicité de constitution : l’entreprise individuelle ne requiert aucun capital minimal et les formalités de création sont réduites. Il n’est pas obligatoire de rédiger des statuts.
  2. La gestion et la direction unilatérales : l’entrepreneur individuel jouit d’une liberté totale en matière de gestion, de contrôle et de prise de décisions.
  3. Les options fiscales avantageuses : diverses options fiscales sont disponibles, telles que le régime de la micro-entreprise, permettant une simplification des obligations comptables et fiscales.

Les inconvénients de l’EI : 

  1. La responsabilité illimitée : En entreprise individuelle, l’entrepreneur répond de ses engagements sur l’ensemble de son patrimoine personnel, à l’exception de la résidence principale. Cela peut s’avérer aventureux en cas de défaillance financière.
  2. Les contraintes de financement : Les institutions financières peuvent manifester des réticences à accorder des financements en raison de la responsabilité personnelle de l’entrepreneur.
  3. Le patrimoine : l’absence de distinction entre les patrimoines personnel et professionnel peut engendrer des difficultés dans la gestion de l’entreprise et expose les biens personnels aux créanciers de l’entreprise.

En somme, l’entreprise individuelle peut être considérée comme une option viable pour l’entrepreneur désireux d’une structure souple et agile. Néanmoins, il est impératif d’évaluer minutieusement les implications juridiques, fiscales et patrimoniales inhérentes à ce statut, afin de s’assurer qu’il correspond aux besoins et aux objectifs de votre entreprise.

La société civile professionnelle (SCP) : collaborer avec d'autres professionnels

La société civile professionnelle (SCP) est une structure juridique qui permet aux professionnels d’une même profession libérale de s’associer dans le but de partager les bénéfices et les risques de l’activité commune.

Les avantages de la SCP : 

  1. La responsabilité limitée : les associés sont responsables des dettes de la SCP à hauteur de leur part dans le capital, protégeant ainsi leurs biens personnels.
  2. La synergie professionnelle : la collaboration permet une mise en commun des compétences et des ressources, favorisant l’efficacité et la croissance.
  3. La flexibilité dans la gestion : les associés peuvent définir les règles de fonctionnement selon leurs besoins, à travers les statuts.

Les inconvénients de la SCP : 

  1. La complexité de constitution : la mise en place d’une SCP exige le respect de formalités juridiques plus strictes, y compris la rédaction de statuts.
  2. Les risques de conflits : la collaboration étroite peut mener à des désaccords entre les associés, nécessitant une gestion minutieuse des relations.
  3. L’engagement mutuel : chaque associé est engagé pour les actes professionnels des autres associés, ce qui peut poser des problèmes en cas de comportement imprudent d’un associé.

Cette forme de société, tout en offrant des avantages significatifs, requiert une considération attentive des implications légales et des potentiels défis. Comme dans toute décision professionnelle, une consultation avec un expert en droit serait conseillée pour adapter la structure aux besoins spécifiques de chaque situation.

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La société civile de moyens (SCM) : une alliance pour l'optimisation des ressources

La société civile de moyens (SCM) représente une structure juridique intéressante pour les professions libérales cherchant à mutualiser les coûts opérationnels. Cette entité permet aux membres de partager des ressources communes, tout en exerçant leurs activités professionnelles respectives de manière indépendante. 

Les avantages de la SCM : 

  1. La réduction des coûts : la mise en commun de ressources telles que les équipements, les locaux et le personnel permet une économie substantielle.
  2. L’autonomie professionnelle : chaque associé maintient son indépendance professionnelle tout en bénéficiant de la structure collective.
  3. La simplicité administrative : contrairement à d’autres structures, la SCM n’est pas soumise à l’impôt sur les sociétés, et sa création est généralement moins lourde en formalités.

Les inconvénients de la SCM : 

  1. La responsabilité illimitée : les associés sont solidairement responsables des dettes sociales, ce qui peut engendrer des risques financiers.
  2. Les conflits potentiels : la gestion des ressources communes peut donner lieu à des désaccords entre les associés.
  3. La coordination requise : la nécessité de collaborer pour gérer les ressources communes peut être un défi organisationnel.

Il convient de souligner que la société civile de moyens ne génère pas de bénéfice propre et n’a pour objectif que le partage des coûts. Chaque associé continue à percevoir ses honoraires de manière individuelle. En raison des implications financières et légales de cette forme de société, une consultation avec un expert juridique est fortement conseillée.

La société d’exercice libéral (SEL) : une structure conçue pour l'évolution professionnelle

La société d’exercice libéral (SEL) offre un cadre légal modernisé pour les professions libérales aspirant à concilier indépendance et avantages d’une structure sociétale. Cette entité permet d’exercer en toute autonomie tout en bénéficiant des privilèges fiscaux et sociaux propres aux sociétés.

Les avantages de la SEL : 

  1. La flexibilité : la SEL permet plusieurs configurations en termes de gestion et de répartition des bénéfices, offrant ainsi une adaptabilité aux besoins spécifiques de chaque professionnel.
  2. La protection du patrimoine personnel : la responsabilité des associés est limitée à leur apport, ce qui protège leur patrimoine personnel en cas de difficultés financières.
  3. L’optimisation fiscale : la SEL offre la possibilité de bénéficier d’une imposition plus avantageuse par rapport aux revenus d’activités libérales classiques.

 

Les inconvénients de la SEL : 

  1. La complexité administrative : la mise en place et la gestion d’une SEL exigent le respect de formalités administratives plus lourdes que pour une entreprise individuelle ou une SCM.
  2. Les coûts initiaux : la création d’une SEL peut nécessiter des investissements initiaux conséquents, notamment en termes de capital social.
  3. L’engagement à long terme : étant donné sa structure, sortir d’une SEL peut être un processus plus complexe et coûteux.

 

La SEL représente donc une option viable pour les professions libérales cherchant à évoluer dans un environnement qui allie la protection et la flexibilité. Toutefois, il est fortement conseillé de se rapprocher d’un conseiller juridique pour évaluer minutieusement les implications de cette décision sur votre exercice professionnel. 

Ainsi, le choix entre ces deux formes d’exercice doit être effectué en fonction d’une multitude de facteurs, notamment les objectifs à long terme, la tolérance au risque et les besoins spécifiques de l’activité. Une consultation avec des experts en droit des sociétés est souvent indispensable pour prendre une décision éclairée. 

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Que choisir entre l’exercice individuel et sociétal ?

Les avantages de l’exercice individuel : 

  1. La simplicité administrative : les formalités de création et de gestion sont minimales, ce qui facilite le démarrage de l’activité.
  2. Le contrôle absolu : l’entrepreneur individuel a une autonomie totale sur sa structure, sans avoir à consulter des associés.
  3. Les coûts réduits : l’absence de capital social à constituer et des frais de création souvent moindres sont des atouts non négligeables.

Les inconvénients de l’exercice individuel : 

  1. Le risque personnel : en absence de distinction entre le patrimoine personnel et professionnel, l’entrepreneur individuel est exposé à un risque financier plus élevé.
  2. Le plafonnement des bénéfices : les régimes fiscaux applicables aux entreprises individuelles peuvent être moins avantageux lorsque l’activité devient plus lucrative.

Les avantages de l’exercice en société : 

  1. La protection du patrimoine : la responsabilité est généralement limitée aux apports dans la société, protégeant ainsi le patrimoine personnel.
  2. L’optimisation fiscale : divers régimes fiscaux peuvent être choisis pour une gestion fiscale optimale.
  3. Le potentiel de croissance : la structure sociétale facilite l’intégration de nouveaux associés et l’accès à des financements externes.

Les inconvénients de l’exercice en société : 

  1. La complexité et coûts : les obligations administratives sont plus lourdes et des coûts initiaux et récurrents plus élevés peuvent s’appliquer.
  2. La perte de contrôle : la présence d’autres associés peut entraîner une perte de contrôle partielle sur la gestion de l’entreprise.
  3. La répartition des bénéfices : en fonction de la structure de la société et des accords entre associés, il peut y avoir des contraintes légales ou contractuelles sur la manière dont les bénéfices sont répartis. Ceci peut potentiellement limiter la flexibilité financière de certains associés, surtout s’ils sont minoritaires ou s’ils ont des visions différentes sur le réinvestissement versus la distribution des bénéfices. Cela ajoute une couche supplémentaire de complexité dans la gestion de la société et peut parfois être source de conflits entre associés.

Ainsi, le choix entre ces deux formes d’exercice doit être effectué en fonction d’une multitude de facteurs, notamment les objectifs à long terme, la tolérance au risque et les besoins spécifiques de l’activité. Une consultation avec des experts en droit des sociétés est souvent indispensable pour prendre une décision éclairée. 

Les régimes fiscaux : comment ne pas se perdre dans le labyrinthe des impôts ?

Démêler la complexité des régimes fiscaux peut s’avérer être un parcours semé d’embûches pour le professionnel indépendant. Comment faire le tri entre les diverses options fiscales sans s’égarer dans le labyrinthe de la législation ? 

L’impôt sur le revenu (IR) versus l’impôt sur les sociétés (IS)

La distinction entre l’impôt sur le revenu (IR) et l’impôt sur les sociétés (IS) peut paraître minime au premier abord, mais son impact est loin d’être négligeable. Tandis que l’IR s’entrelace étroitement avec votre sphère personnelle, l’IS crée une frontière nette entre vos activités professionnelles et votre vie privée. 

Le régime fiscal dépend de la forme juridique choisie :  

Statuts juridiques dépendant de l’IR 

Statuts juridiques dépendant de l’IS 

EI
SELARL associé unique
SCP
SCM

SEL
SELARL associé unique (option irrévocable)
SCP (option irrévocable)

Le micro BNC versus la déclaration contrôlée

Le micro BNC se profile comme une option idéale pour les entités commerciales de petite taille, grâce à sa facilité d’administration et à sa fiscalité abordable. C’est un choix pour ceux qui souhaitent entreprendre sans rentrer dans les complexités fiscales. 

Toutefois, à partir d’un volume de dépenses plus substantiel ou pour maximiser les allègements fiscaux, la déclaration contrôlée serait une stratégie plus avisée. Ce régime offre un espace de manœuvre important pour des déductions fiscales plus variées, ce qui s’avère profitable pour les entreprises ayant une structure de coûts plus complexe ou des plans d’expansion plus ambitieux. 

Recette (R)Recettes d’imposition
N-2N-1Nen N
R ≤ 70 000 € HTR ≤ 70 000 € HTQuel que soit le montantMicro BNC de plein droit
R > 70 000 € HTR ≤ 70 000 € HTQuel que soit le montantMicro BNC de plein droit
R ≤ 70 000 € HTR > 70 000 € HTQuel que soit le montantMicro BNC de plein droit
R > 70 000 € HTR > 70 000 € HTQuel que soit le montantDéclaration contrôlée

Le régime déclaratif spécial (ou micro-BNC)

Le régime déclaratif spécial, également connu sous l’appellation de micro-BNC, se présente comme une option d’imposition simplifiée. Ce modèle fiscal permet l’application d’un abattement forfaitaire de 34% sur les recettes, intégrées dans la déclaration de revenus n°2042, avec un abattement minimum fixé à 305€. Par conséquent, l’opérateur sous micro-BNC est d’office soumis au régime micro-social simplifié.

Il convient de noter les contreparties associées à ce régime :

– L’exclusion de toute déductibilité des charges sur le chiffre d’affaires ;

– La non-éligibilité à la réduction pour frais de comptabilité en cas d’adhésion à une association agréée de gestion.

Il est indispensable de souligner que le régime micro-BNC n’est pas nécessairement l’option fiscale la plus avantageuse. L’option de basculer vers le régime de la déclaration contrôlée demeure une alternative viable, permettant une plus grande flexibilité en termes de déductions fiscales.

Le régime de la déclaration contrôlée (déclaration 2035)

Le régime de la déclaration contrôlée, qui implique la soumission de la déclaration 2035, est de mise lorsque les bénéfices non commerciaux excèdent le seuil de 70,000 € HT.

Ce régime fiscal prend en compte les bénéfices réellement générés par l’activité. Ainsi, le contribuable est assujetti à une imposition basée sur les gains authentiquement réalisés.

Si les bénéfices se situent en dessous de ce seuil, le choix par défaut est le régime micro-BNC. Toutefois, il est tout à fait possible d’opter pour la déclaration contrôlée.

Quels sont les professionnels concernés ?

  • Les professions libérales ;
  • Les officiers publics et ministériels en ce qui concerne les bénéfices de leur charge ou de leur office (notaire, huissier, commissaire-priseur…) ;
  • Les contribuables dont les bénéfices proviennent de la production littéraire (droit d’auteurs…), scientifique ou artistique ou de la pratique d’un sport ;
  • Les contribuables recevant des revenus de la propriété industrielle ;
  • Les prêtres ;
  • Les intermédiaires ou agents transparents qui agissent au nom et pour le compte de leurs clients ;
  • Les professionnels non commerciaux percevant des revenus accessoires dans le prolongement de leur activité.

La déclaration 2035 est l’instrument par lequel sont déclarées les recettes et dépenses réelles, afin de déterminer le bénéfice de l’activité en question. Ce régime permet une plus grande précision et adaptabilité en matière de déductions fiscales, contrairement au régime micro-BNC.

En conclusion, la préparation et la planification sont des étapes cruciales. Le choix de statut peut être modifié à posteriori, mais c’est un processus complexe. Une planification judicieuse dès le début peut vous épargner du temps et de l’énergie plus tard.